La forêt de cèdres

Une nuit, alors que je voguais en songes sur mon Fjord, fièrement arçonné d’une parure d’ange, je vis passer la tienne, si sombre qu’elle m’aspira sans inspiration dans un caisson armé. Un jour pourtant, baladant mon hêtre sur les trottoirs de la lune je vis en vitrine l’effeuillage burlesque de nos existences insoumises. Platonique, comme à mon humble habitude, je bandais gaiement l’arc-en-ciel de mes cils, filandreux testaments d’une image qui se meurt et renaît en un battement sans violence. Si la lenteur manque à ce moment, comme les couleurs d’un arlequin monochrome, il n’en perd en rien je crois l’humidité d’un contraste haletant les fautes d’orthographe. Un lendemain, acheminé de l’esprit à la lueur de l’espoir, tu es morte, seule, définitivement perdue dans les nuages ensoleillés d’une pluie d’étoiles en zeste. Précipité d’amour, bouclée jusqu’aux oreilles décollées tu as tissé tout ce « si », exercé des soucis, a régné sur le coït laissant coi après son passage. Décoloré, décrépi, affamé, l’athlète aboli le plus ensanglanté d’efforts surannés ne peut qu’envier d’ornements le dernier tour de piste du clown triste. La lumière du jour, lampe ampli de filaments grillés d’existences passagères, fait fuir les amants les plus aimantés à l’idée de se voir. Admirer les courbes laissées en séquelles, des « ce voir » on en vit plein, et si le vide n’est rien qu’envie la terre déshabillée, fais le, car tu n’as que paroles.

La forêt de cèdres