J’ai commencé par la faim en affinant la silhouette de mon manque, en crachant sur mon ombre pour mieux regarder la terre tourner. Puis j’ai sorti ma toupie, tout pile à l’heure et je l’ai regardé à en perdre la face, on a bien marché sur la lune infidèle mémoire. Moi je n’ai jamais arrosé mon champs, probablement par paresses, moi j’épiais les paires de fesses en marchant, on réfléchit mieux en marchant. Moi je n’entendais pas, d’en bas, l’orage murmurer ses déchirements, l’effroyable crissement de cette porte ouverte à toutes les fenêtres d’impossible. Tous ces actes d’essais et toutes ces belles tentatives, enfin la réussite dans le vent frais et tourbillonnant de la pluie qui s’impatiente, la délivrance en quelques lettres: fin.
Auteur : Romain Marsoul
Le silence des livres
Un jour, assis sur un vieux caillou j’ai contemplé mon désarroi, et pour paraître plus vrai je lui ai raconté des histoires. Paraît-il que la montagne c’est public car il n’y a personne, moi je suis triste dans le privé, dos à la vie. A mi-chemin j’ai lâché les dernières branches en espérant toucher le sol, que voulez-vous la gravité m’attire et parfois je me dis que la vie est un couloir d’ascenseur.
Alors que j’étouffais pour léviter, un éléphant de pacotille m’a dit qu’il ne servait à rien de voyager dans les sept mers, qu’aucune ne me reconnaîtrait. Mais j’avais du mal à l’entendre, mon oreille droite bourdonnait depuis que l’autre était tordu. Du coup, lassé d’entendre tous ces gens parler du bon temps à l’imparfait je lui ai sobrement répondu que mes « je t’aime » ne sont pas perdus. Comme une virgule dans la phrase. Après tout, aime-t’on pour les bonnes raisons ? C’est aussi ma mauvaise foi qui m’a fait gagner le concours de la souffrance. Ouvert aux quatre vents, plus fort que la pluie en Mars, le réel de l’affamé décevant.
Puis le lendemain, presque au bout de ma vie j’ai mis la mort dans ma poche. C’était écrit sur un paquet de cigarettes et j’ai arrêté de boiter pour faire demi-tour, car c’est de ne point y croire qu’on a arrondi la terre.
Soleil de faits vrillés
Justifiant mes textes afin que rien ne bouge, j’ai aménagé mon espace et détourné des constellations pour que tout paraisse droit. Heureusement il n’y a pas que des cadavres dans mon sac-à-dos, et quand t’appelle la terre c’est la mère qui vient. Naturellement, j’éternue face à l’éternel que voulez-vous je suis pudique. J’en ai même prié le ciel pour en enlever le si, pourvu qu’elle m’aime et que j’en chie. Dans le désert de sel j’écrasais les cigales avec la corne de mes pieds cocus, j’aime ma muse et tant pis. Elle était là, toute coquette au milieu des gens coqués, et moi, rassuré de savoir que tout est partie, quand le soleil s’est couché j’ai allumé la lumière. J’y ai projeté le grand voyage dans ma tête, creusé des oasis dans le désert et asséché les océans putrides. Héros sans aventures, aventurier sans héroïne, ne vous méprenez pas de confusion la sollicitude est un fruit délectable en été. Soleils divers. Avide, j’ai regardé mon arbre grandir jusqu’à ne plus pouvoir l’étêter mais soyons clair, ce n’est pas l’amour du lait qui m’a fait lécher tes seins. Après tout ce sont les petites attentions qui font les grandes personnes.
Le grandit ose
Allié aux rebelles du petit dimanche j’en ai croisé des putains accrochées à mes lèvres, ne seront-elles jamais lassées de ce verbiage absurde. Absurde, la vie n’est qu’absurde, et moi je compte les bandes blanches sur l’autoroute, elles me tiennent en laisse pendant la balade du crépuscule. Si la vie m’ennuie autant c’est parce que je suis celui qui crée la surprise, né par mégarde à l’aurore alors que ma mère faisait l’aumône, son vagin détroussé de quelques religions opprobres. Ceux qui sont au ciel ont volé nos ailes immatures et se régalent de conseils puérilisants, débilisants, venez donc visiter les bas fonds, renifler la mer en hiver, dégringoler la montagne en été. Venez donc visiter les bas fonds, mes basquêtes ne me font plus peur. Viens donc visiter les bas fonds. J’en ai créé des drames avortés, avorton rejeté, malaxé, chié par Cerbère pour une plaisanterie à mère. Je me suis noyé si longtemps que j’ai fini par me taillader des branchies avec mes ongles rongés et qu’est-ce que ça faisait mâle. J’aimerais tant respirer à nouveau l’air pur des bébés incrédules mais, en fin de compte, je n’ai jamais vraiment su lâcher prise.
Faim de je
Traiter de la merde,
De l’absence de beauté dans le désespoir.
De ces choses autrefois vivantes
Que mortes on expulse.
Lâcher l’un
Supportable
Qui de toute façon est parti,
Fin de jeu.
Ta perte m’a offert ce poème
Et la vie continue,
Contiguë,
J’m’en songe le coquillard.
De toute façon on a jamais raison quand c’est bon.
La mort aux trousses
On me l’a vendu l’intérêt du paradis,
A se retrouver ainsi perdu,
Dans une demeure
L’attente.
La prochaine fois je vous parlerai d’amour,
Mais en attendant,
Dis moi,
Toi,
Tu l’as appelé comment ton bébé mort ?
Le pas lié
J’ai traversé les océans dans ma goûte d’eau,
Evidé les évidences.
Mes chaussettes sont dépareillées, une seule est trouée,
Nouvelle étape.
J’ai hurlé mon appel à l’aide, délié mes ratures,
Vécu entre duo et débats.
Et j’ai creusé le fond du cul de sac pour louper la boucle
Car on ne grandit pas dans les cimetières.
Comment faire en terra-inconnu ?
En mort-vivant noctambule, j’ai rêvé la vie sans réelles passions.
Toujours sale,
Enfermé dans les bas-fond,
Le rythme collé aux basquettes,
Mes derniers bastillons.
Les pieds enchaînés, la prison offre une vision imprenable aux rêv-olutions.
De toute façon on ne va pas mourir sur scène,
On va mourir devant.
Spectateur incoercible, Puit du silence, Lieu tenant du bordel,
J’ai tuer l’élève ici, où l’univers s’y tait,
Il semblait bon de le faire et j’en ai grillé des cigarettes amères.
Allez, dors,
Sois raisonnable.
Un jour vint cœur
Les années de joie,
Un temps pour elle
Qui n’existe pas.
Et mate les échecs.
Ainsi,
Naît sens
D’eux, moi.
Dénouer.
Détruire la misère,
Sexe posé, mains en l’air
On niera alors qu’on y est.
Pas faciles les actions simples.
L’inné dit
Tant disent
Qu’on verse
A Sion
Nos belles parties
Ephémères.
Effectives
Invectives.
Elle était là
Toute à l’heure ;
Dévotion.
Des contes
Y a que des dimanches cette année.
C’est à dire ?
Dimanche de Pâques, et caetera.
Mais Pâques c’est un lundi.
Oui mais fin d’année.
Explique moi.
Dimanche onze Octobre,
On est bien le dimanche onze Octobre aujourd’hui ?
Il s’est passé quoi le dimanche onze Octobre ?
C’est compliqué.
Papa, ça te fait penser à quoi
Le dimanche onze Octobre ?
A rien.
Y a dimanche onze,
Quatorze,
Vingt-sept,
C’est des jours de fêtes catholiques.
Dès qu’on pense
Naître d’un dit visible,
Où dix visions éparpillent le peu du reste de ceux que je suis,
Mis en poésite.
Remonté du bas d’elle comme on escalade une plaine ouverte au diable,
Diantre les auditions altruistes et inaudibles !
L’image y naît comme pare-être,
Enterrée un jour de mistral :
Le calme plane.
Je me souviens de sept époques,
Il faisait noir aux antipodes des Sisyphe
Et des constructions y reprenaient la construction du chaos.
Tous les mots qu’on cède sont îles obscènes,
Obsolètes,
Et viennent me réanimer d’une hainergie vivifiante.
On m’a dit sous vents :
« L’abouti se ment »,
J’en baille,
En braille.
Les sens en alerte, je lis nos sens aux travers des corps en manque d’article.
Pas sage aux aurores,
La nuit sans nuit peut être dès lors,
Que le pas refait les chemins d’école.
Reine du « comment taire »,
Obscures clartés d’éphémère,
On n’arrête pas le progrès,
Le progrès nous arrête.
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